Rétro 2023 : Macky/3e mandat, Sonko/prison, Amadou Ba/choix contesté, le triangle politique…
2023 tire à sa fin. Année préélectorale rythmée par le débat sur une 3e candidature du Président Macky Sall qui a d’ailleurs renoncé à la course Présidentielle, elle a aussi acté l’emprisonnement et la radiation de Sonko du fichier électoral, la réhabilitation de Khalifa Sall et Karim Wade, le choix du PM Amadou Ba qui a poussé vers la sortie des pontes de l’Apr, dont Aly Ngouille Ndiaye, Mame Boye Diao, Mouhammad Boun Abdallah Dionne…, entre autres.
Macky renonce à sa candidature : génie politique, ou sacrifice pour noyer Sonko…?
Le débat sur la 3e candidature du Président Macky Sall a fait rage. Même si d’aucuns parlent de second quinquennat, le Président Macky Sall a choisi de se retirer, nommant ainsi Amadou Ba son dauphin.
Le leader de l’Apr était dans le clair-obscur au sujet de sa candidature pour 2024. « Soyez rassurés. Je m’adresserai au pays dans peu de temps. Après cette déclaration, nous aurons de quoi faire pour aller vers la marche du progrès et vers la victoire en 2024« , avait assuré le mercredi 21 juin, le Macky Sall. Et c’est le lundi 3 juillet 2023 qu’il mettra fin au suspens. « J’ai un code d’honneur et un sens de la responsabilité qui me commandent de préserver ma dignité et ma parole« , déclarait-il dans une allocution diffusée à la RTS.
« Macky, quelle grandeur ! », « Macky sort par la grande porte », « Macky au panthéon des grands hommes », « Macky a réussi un coup de Maitre », barrait-on à la Une des journaux.
Surprise générale et bonjour les débats…
Un acte du chef de l’Etat salué par bon nombre de Sénégalais, mais certains y voient un calcul politicien. Les yeux se tournent ainsi vers le leader de l’Opposition Ousmane Sonko. D’aucuns craignaient un sacrifice de Macky qui lui permettrait d’enfoncer le leader du parti dissous, le Pastef. Ousmane Sonko ne tardera pas à en subir les conséquences. L’on craint désormais une arrestation éminente de l’opposant.
Dialogue national, Khalifa qualifié de « traître »…
Lancé le Mercredi 31 mai à 16 heures à Dakar, cet appel du Président Macky Sall a provoqué une division au sein du F24, une plateforme regroupant des organisations de la société civile, de l’opposition dont le combat portait, entre autres, sur la 3e candidature de Macky. Une partie voulait répondre à la main tendue du chef de l’Etat, contrairement à certains, dont Sonko qui a opposé un niet catégorique. Khalifa Sall, au sein de la Coalition de l’opposition, Yewwi, a quand à lui décidé de répondre.
Le leader de « Taxawu Sénégal » sera ainsi accusé de « dealer » avec le pouvoir pour sa réintégration sur le fichier électoral. Des accusations que le lieutenant de l’ancien maire de Dakar n’a pas digérées. Suivra une guerre entre le leader de Pastef et l’actuel maire de Dakar, Barthélemy Dia, par presse interposée.
Sonko en prison…
Pour mémoire, après que le Président Macky Sall a renoncé à un 3e mandat, les observateurs s’étaient intéressés à Sonko, craignant son arrestation imminente. Ils voyaient en cette décision du leader de l’Apr un « sacrifice » d’un génie « politique » dont le seul dessein serait d’empêcher l’opposant de se présenter.
Ousmane Sonko sera interpellé chez lui le vendredi juillet 2023. Il sera, par la suite transféré à la Brigade des affaires générales du tribunal de Dakar. Il est poursuivi pour « vol de téléphone portable, appel à l’insurrection ». Des motifs confirmés par le procureur général qui relate des éléments « constitutifs de faits pénalement répréhensibles » dont « des actes, déclarations, écrits et images »…
Condamné par « contumace »…
Le maire de Ziguinchor a été radié suite à sa condamnation par contumace, à deux ans de prison ferme, pour corruption de la jeunesse, dans l’affaire Adji Sarr, par Chambre criminelle du Tribunal de grande instance hors classe de Dakar.
C »est à travers une notification officielle, en date du 3 août adressée à Ousmane Sonko, que le sous-préfet des Almadies a informé ce dernier de son retrait des listes électorales. Et son parti politique, Pastef, est dissous. Une annonce faite peu après son inculpation et son placement en détention.
… Sonko réintégré...
Depuis lors, les avocats de l’opposant Sénégalais et ceux de l’Etat ne cessent de croiser le fer dans les tribunaux. Me Ciré Clédor Ly et Cie obtiennent gain de cause à Ziguinchor avec le Juge Sabassy Faye qui annule la radiation de l’opposant Sonko des listes électorales. Ce qui n’a, toutefois pas découragé l’Agent judiciaire de l’Etat qui a déposé un recours à la Cour Suprême qui, elle même renvoi ce dossier au Tribunal de Dakar. Celui, finalement confirme le Tribunal d’instance de Ziguinchor réintégrant Sonko. Ce qui, toutefois ne refroidit guère les avocats de l’Etat qui ont déposé un Pourvoi en Cassation. Un dossier loin de connaitre son épilogue…
Bien que Sonko ait déposé son dossier au Conseil constitutionnel qui a procédé au tirage de l’ordre de passage ce vendredi 29 décembre, son avenir reste encore flou. Avec le choix de Bassirou Diomaye Faye, le parti dissous (Pastef) semble toujours rester dans la course.
Mame Mbaye Niang Vs Sonko, Amy Ndiaye Gniby et les députés du PUR et l’affaire Ndiaga Diouf…
Des procès, il y en a eu cette année. Parmi ceux qu’on peut retenir et que beaucoup de Sénégalais qualifient de politiques, celui opposant Mame Mbaye en Sonko. Dans cette affaire, Ousmane Sonko avait été condamné en première instance à deux mois de prison avec sursis et 200 millions de francs CFA de dommages et intérêts. Par la suite, la Cour d’appel a statué en deuxième ressort avant d’alourdir la peine en infligeant au maire de Ziguinchor 6 mois assortis du sursis.
Mais aussi celui de la parlementaire Amy Ndiaye Gniby et les députés du PUR. Condamnés pour coups et blessures volontaires, Massata Samb et Mamadou Niang avaient écopé de 6 mois de prison assortis d’une amende de 100 mille francs et 5 millions de dommages et intérêts au préjudice de leur collègue députée Amy Ndiaye Gniby. Ils ont, par la suite interjeté appel.
L’affaire Ndiaga Diouf implique l’actuel maire de Dakar. Barthélémy Dias a vu sa condamnation à deux ans de prison ferme, dont six mois avec sursis, confirmée par la Cour suprême le vendredi 22 décembre. Ainsi, dans sa décision rendue le 22 décembre dernier, a rejeté le pourvoi introduit par Barthélémy Dias dans l’affaire l’opposant à la famille de feu Ndiaga Diouf. Ce qui risque de lui coûter son poste de députe. La radiation d’un parlementaire, en cas de condamnation pénale, est prévue par les articles 61 alinéa 7 de la Constitution sénégalaise et l’article 51 alinéa 6 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Pour ainsi dire que le député qui fait l’objet d’une condamnation pénale définitive est radié de la liste des députés de l’Assemblée nationale.
Amadou Ba, un candidat choisi et contesté…
Entre autres actualités qui ont rythmé l’année 2023, le choix du Premier ministre Amadou Ba par son mentor, le Président Macky Sall. Un choix contesté au sein de Bby, et par une partie de l’opposition qui voit en Amadou un « Macky-bis ».
Une désignation qui a été suivie de la démission du ministre de l’Agriculture, Aly Ngouille Ndiaye et Mouhammad Boun Abdallah Dionne (tous candidats), Mame Boy Diao qui a été destitué après avoir déclaré sa candidature… Et malgré que certains aient décidé d’afficher leur désaccord face à ce choix, Amadou Ba doit aussi composer avec l’hostilité que lui vouent plusieurs cadres influents de la majorité tapis dans l’ombre.
Toutefois, d’autres voient en ces démissions au sein de la majorité présidentielle une stratégie de division pour « berner » l’opposition.
Wait and see ! Le 25 février c’est pour bientôt.